Insomnia

Physique,Caractère et Don

Wivine paraît être une demoiselle simple au premier abord, mais pourtant il n’en est rien. Derrière ses yeux noisettes et ce sourire mutin se cache en vérité un être marqué par l’abandon et la souffrance, même si elle n’en parle jamais. Elle a ses démons et c’est à elle seule de les assumer. Wiv ne veut faire peser ça sur personne, d’autant qu’elle trouverait cela très inapproprié. Aussi demeure-t-elle secrète, voire très évasive concernant son passé. C’est un moyen de préserver les autres en plus de se préserver elle-même.
Perfectionniste, elle l’est devenue avec le temps. Elle se doit d’être une des meilleures, quitte à faire peser sur sa personne une pression monstre qu’elle ne gère que partiellement. C’est une condition sinéquanone à son bien-être sinon elle aura un goût amer d’inachevé qui la rongera au point de l’empêcher dormir. Un trait de caractère pesant pour elle ainsi que pour ses proches. Un trait de caractère tout droit sorti de son enfance et de sa tourmente. Wivine a tant été façonné, contrôlé, qu’elle n’a pas pu échapper pleinement à cette emprise qui a un jour pesé sur elle. Peu importe si elle se bat encore aujourd’hui contre certaines de ses manies qu’elle exècre.
Méfiante et parfois légèrement misanthrope, prendre des distances avec le monde extérieur n’est pas un problème pour elle. Si elle pouvait vivre à la morgue sans doute serait-elle… ravie ? Car à ses yeux il n’y a pas meilleure compagnie. Le silence est également un gage de confort…
Même si elle aime être “en marge” des autres, que ce soit par son look, son travail ou autre, cela ne l’empêche pas d’être agréable avec ses amis ou ses collègues. C’est par ailleurs cette capacité à dégager de la lumière pour cacher ses ombres qui la sauve. En effet, la demoiselle est loyale, aimante et elle est prête au pire pour ses proches, même des méthodes radicales ne lui font pas peur ! Du moment qu’elle s’est fixé un objectif il est impossible de l’en arracher. C’est sa pugnacité qui l'a rendu si solide, à défaut de pouvoir se reposer sur autre chose.
Wiv est solide que fragile et ces deux tableaux parfois incompatibles sont ce qui lui confèrent ce caractère si complexe. N’allez pas vous tromper sur son compte ! Elle est une jeune femme comme toutes les autres ! Mais elle n’a tout simplement pas le même cadre de vie, ni les mêmes attentes.
De plus c’est une jeune femme qui fonctionne essentiellement à l’intuition. Elle a appris très tôt à déceler les réactions de ceux qui se trouvaient en face d’elle, exacerbant sa compréhension de la communication non-verbale. Une qualité précieuse qui aurait fait d’elle une excellente enquêtrice si elle n’avait pas choisi une autre voie.
Perspicace, intelligente, Wiv possède un esprit affûté, tranchant, qui n’hésitera pas à user de mots durs et francs pour faire vaciller l’adversaire. Sa vaste est mémoire est également un atout qui lui sert dans sa vie de tous les jours, étant comme une véritable bibliothèque portative.
Ses passions sont également ce qui l’anime. L’étude du corps humain, la lecture et la danse sont des éléments qui n’ont jamais quitté sa vie, même si elle a bien failli en être dégoûtée.
Affectivement Wivine paraît… immature ? Marquée par le rejet et divers autres déboires, elle se refuse à tomber dans la dépendance bien que cela arrive malgré elle. Ses sentiments sont rapidement très intenses et il est parfois difficile de les contenir, ou de savoir comment se placer justement face à eux.
Elle a également une petite tendance ‘obsessionnelle’ qui la fait adorer un plat, une chanson, une série durant quelque temps avant de passer à la lubie suivante.
C’est donc un portrait haut en couleur qui se dessine ici.

En matière de don, la jeune femme a acquis celui de pouvoir parler avec les morts. Ceux-ci se manifestent de façon aléatoire autour d’elle et entament généralement une conversation. Ils ont leur apparence d’avant leur mort, le visage et le corps en bon état, les vêtements encore sur le dos évidemment, ce qui rend la chose parfaitement supportable. Généralement, ils apparaissent au sein même de son quotidien ce qui a permis à Wivine de développer son sang froid.
Mais s’ils communiquent, c’est simplement pour parler de leur vivant, de petites choses, ou poser des questions concernant leur décès. Ils ne donnent pas de véritable réponse concernant celui-ci, même s' ils peuvent en être la cause principale. Ainsi les échanges sont généralement brefs et peuvent durer au maximum une demi-heure. Tantôt ce sont de brèves apparitions, tantôt des conversations plus denses. Si elle peut discuter avec les esprits, Wiv ne peut pas être blesser par eux. Ils sont de simples apparitions qui n’ont pas d'impact sur elle, mais peut-être que sur les autres... si ?

Histoire

Wivine et sa soeur aînée, Wina, avaient tout pour être heureuses. Nées dans une famille française s’étant installée depuis six générations à Vienne, les petites De Lahaye baignaient dans une opulence évidente ; père régent d’une grande banque autrichienne, mère travaillant dans les affaires du pays, elles n’étaient pas à paindre. Elles étaient choyées comme personne et profitaient de ce statut privilégié qu’avaient leurs parents. Toutes deux ne manquaient de rien ! L’argent n’était pas un problème, tant et si bien qu’elles avaient tout ce qu’elles voulaient. Une gouvernante s’occupait également de petites pour veiller sur elle quand leurs parents venaient à s’absenter. Mais tout bascula un jour, tandis que Tilda était occupé à coudre sur la terrasse. Elle avait laissé les petites vagabonder dans le vaste parc de la propriété et ce fut une erreur fatale.
A force de trop vanter sa vie de famille dans les quotidiens, ou de sortir dans des soirées mondaines, on attirait parfois l’attention et ce de mauvaises personnes.
Les soeurs étaient âgées de cinq et sept ans à l’époque, Wivine étant la cadette. Des mains gantées se refermèrent alors sur les petites et elles les emportèrent dans une obscurité totale. Elles ne laissèrent derrière elle qu’une poupée qu’elles s’étaient chamaillés un peu plus tôt…

Si les époux espérèrent une rançon, les ravisseurs n’en firent rien. Ils déposèrent simplement le duo juvénile dans une propriété froide qui n’avait gardé que la poussière de sa splendeur passée. Le commanditaire avait eu ce qu’il voulait. Ce fut quinze ans de souffrance pour les deux petites. Celui a qui elle avait été confié était un homme grave, au visage sombre et à l’oeil manipulateur. Il sépara Wivine de sa soeur et commença à les “façonner” à sa guise. Il cadra leur vie de façon précise : elles ne pouvaient pas manger tout ce qu’elles voulaient, elles ne devaient pas se voir ni se parler, et devaient donner chaque jour leur meilleure d’elle-même. Pour Wina se fut la musique, pour Wivine se fut la danse. Dès lors commença un calvaire répété sans cesse.
L’enfant qu’elle était sombra dans la peur. Il n’était plus question d’amour et de bienveillance. Non. Il n’y avait que la noirceur, l’humidité de cette maison ainsi que ce geôlier manipulateur au possible dont l’esprit était parfaitement ajusté.
Six heures par jour, Wiv devait danser et le reste du temps elle devait apprendre à parler grec, latin et anglais, mémoriser des ouvrages trop complexes pour son âge. L’éducation rythmait sa vie telle une pendule, épuisant son esprit ainsi que ses membres. Une épreuve pour son jeune corps, pourtant elle tint bon. Le repos était rude et difficile dans cette misérable chambre avec une lucarne donnant pour l’extérieur, mais Wivine se consolait en songeant parfois à ce monde extérieur qui l’attendait encore.
Etre privé de sa soeur fut sans doute la chose la plus difficile pour elle. Il suffisait qu’elle la croise au détour d’un couloir pour que sa joie revienne, néanmoins le dénommé “Anton” s’arrangeait pour que cela ne dure pas longtemps.
Plus le temps passa, plus Wivine se renforça. Cela eut le don de mettre son bourreau en garde, il l’isola davantage, favorisant Wina qu’il faisait parfois même sortir alors que l’autre croupissait dans une petite pièce à l’odeur moisie. Ainsi il scindait toujours plus les rapports qu'elles pouvaient avoir. Si Wiv recevait les coups ainsi que les remontrances, Wina était sa "préférée".

A mesure que Wivine grandissait, elle rassembla plusieurs connaissances. Ne voulait-il pas qu’elle apprenne ? Qu’elle soit cultivé ? Absolument parfaite ? La gamine devenu adolescente décida d’utiliser cela pour en faire une nouvelle force. Elle ingéra tous les livres à sa disposition, demandant toujours plus de ressources à Anton dont l’intérêt morbide pour ces jeunes filles étaient en train de changer. Wiv se douta rapidement que le statut de favorite menait à des actes bien pire qu'elle ne subissait. Si elle, elle ne mangeait que peu et encaissait les coups de Cannes quand elle se trompait dans une chorégraphie, Wina devait supporter bien pire.

A dix-sept ans, après des années de souffrance, Wivine élabora un plan pour échapper à cet enfer. Seule, elle ne pouvait pas réussir… Mais quand elle tenta d’approcher sa soeur à ce sujet, celle-ci la trouva folle. Wina refusa de l’écouter dans l’instant. Il était impossible d’échapper à Anton selon elle et rapidement le peu de lien qui subsistait entre elle et sa cadette vola en éclat. Cela ne découragea pourtant pas Wivine. Même si elle aimait sa soeur, elle n’était désormais plus en mesure de l’aider.
Deux ans passèrent avant qu’une véritable occasion ne se présente.
Ce fut un soir que Wivine parvint à partir à la dérober. Un véritable miracle. Sans chaussures, elle courut dans le village le plus proche où elle fut recueillie par une famille modeste. Ceux-ci hébergèrent la demoiselle et lui permirent de contacter la police qui vint aussitôt la chercher.

Ce fut un soulagement profond. Wivine retrouva sa mère, son père ainsi que tout le reste de sa famille… Ils n’avaient jamais cessé de les chercher. Cet amour l’avait aussitôt empli de joie !
Pourtant, une personne manquait à l’appel… Sa soeur.

Lorsque les forces de l’ordre fouillèrent la maison désignée par Wiv, ils ne trouvèrent rien. Absolument rien. L’homme avait disparu avec son trophée…

Ce fut un choc difficile à encaisser pour Wiv qui se considéra comme coupable de cette infortune.
La chaleur du foyer retrouvé eut le don d’adoucir un peu ses plaies et elle reprit une vie “normale”, malgré ses angoisses, ses peurs, ses paniques…

On remarqua très vite ses aptitudes intellectuelles. Elle, que l’on pensait analphabète, montra sa capacité d’apprendre en intégrant rapidement le cursus scolaire. A lui bourrer le crâne, Anton avait fait d’elle un esprit tout à fait brillant et ce fut un véritable atout. C’est ainsi qu’elle commença à prendre sa revanche sur la vie.

Entamer sa formation de médecin légiste ne fut toutefois pas de tout repos, car c’est au cours de sa formation que Wivine découvrit son don. Ce qu’elle prenait au préalable pour des hallucinations fut rapidement identifié par ses professeurs comme une curiosité fascinante. Elle n’en demeure pas moins une élève brillante qui trace sa route sans peine

Neuf ans plus tard, Wivine vit sa vie. Elle vit dans un petit appartement parfaitement sécurisé et poursuit une thérapie qui s’étale depuis de nombreuses années. Son futur boulot ? Elle en raffole. Plus qu'un ans et la voilà libre d'exercer. C'est son petit jardin secret. Ses parents, quant à eux, payent un détective privé depuis des années ainsi qu’un service de surveillance pour s’assurer qu’elle va bien. Ce n'est pas toujours facile, mais la jeune femme s'en accommode. D'un certain côté cela la rassure.
Une vie paisible en somme, non ?
En vérité, la jeune légiste n’a qu’une obsession : retrouver Wina. La retrouver et la ramener à la maison !
Peut-être qu’un jour, un mort lui dira ! Il lui soufflera qu’il a vu Wina…. En tout cas, elle l'espère.

Ce monstre, elle le retrouvera.